☆ Physique : Malgré tout le lait qu'elle a bu et les croutes de pain qu'elle a mangés durant son enfance, Silke est restée petite; elle fait dans le mètre quarante-neuf, ce dernier petit centimètre avant le mètre et demi semblant la narguer depuis ses quinze ans. Un tout petit coup d'œil et il est facile de comprendre qu'elle n'a pas une structure osseuse forte; cela, toutefois, n'est pas rehaussé par un assortiment poitrine / hanches trop prononcé, ce qui fera qu'on ne lui portera bien souvent pas attention -et qui, heureusement, évite les problèmes de dos.

On pourrait dire qu'au premier coup d'œil, l'on a envie de passer ses doigts dans la tignasse auburn de la jeune fille; on veut la cajoler un peu, comme on le ferait avec un chaton. Et tout comme le chaton, on finit bien vite par s'en délasser. Oh! Oui oui, elle est mignonne, mais c'est le genre de mignon que l'on oubli bien vite, son image ne restant pas gravé longtemps dans votre mémoire. Ou est-ce plutôt ce qu'elle se plaît à croire?

Autrement, Silke a de grands yeux marrons bordés de cils courts, un nez qu'elle trouve trop petit, mais bien centré dans son visage, aucun tatouage et piercing -et, surtout, cet éternelle expression fugitive, comme quelqu'un qui regrette d'avoir fait quelque chose de mal mais ne veut pas en parler. Son visage -c'est un vrai livre ouvert, comme si chacun des traits qui le constitue s'étaient alliés pour l'obliger à être honnête envers les autres.

Elle porte -lorsqu'elle ne vous donne pas l'impression qu'elle préférerait être cachée sous sa couette- un air de gamine éternelle dans tous ses gestes, air qui, il faut le dire, ne va pas nécessairement de pair avec sa petite personnalité intérieure.

Son cristal à elle se trouve au niveau du plexus solaire.

☆ Caractère : Vaut mieux ne pas passer par quatre chemins (on lui laissera tout le loisir de s'en charger): c'est une fille, et en tant que fille stéréotypée, elle est du genre grave pas constante. Elle ne regrette pas ses choix -et pourtant, elle a honte, préfère oublier, préférerait mourir plutôt que de les regarder en face. Comme si la petite fille en elle voulait continuer de jouer à la poupée, mais que la femme qu'elle était prenait tous les problèmes imposés par sa plus jeune personnalité avec un calme serein.

Elle est douce la petite Silke. Pas douce comme dans un ange qui tombe du ciel, mais comme plein des petites attentions bien placées et des manières irréprochables. Elle ne cherche pas activement à faire le bien autour d'elle: si elle le fait, ce n'est que le penchant de ses inclinaisons naturelles. Elle est innocente, aussi. Pas comme dans ''j'ai toujours vécut dans un monde en porcelaine'', mais plutôt comme dans ''jusqu'à preuve du contraire...''. Elle aime bien avoir ses petits secrets, aussi, et n'aime pas parler de ''problèmes''. Pas parce qu'ils n'existent pas, mais parce que c'est son lot à elle. Elle est égoïste, ne partage pas ce genre de chose. Difficilement.

Elle donne toujours l'impression qu'elle veut qu'on lui demande comment ça va. Juste parce qu'elle ne sait pas comment donner l'impression qu'elle ne veut pas de questions sur le sujet. Elle manque d'expérience, de sagesse, de plein de choses, et est détestable pour cela, parce qu'elle donne l'impression qu'il faut absolument s'occuper d'elle, quand tout ce qu'elle veut, c'est apprendre à tomber et se relever toute seule.

☆ Les rêves se vengent lorsque vous leurs êtes infidèles,
vous croyez?

La pièce était froide, blanche. Propre, trop propre. Et pourtant, elle se doutait que sa vie à elle avait due commencer dans une pièce semblable, avec un lit qui n'était pas celui de sa mère, avec la même odeur de désinfectant pourrit et le même genre de médecin un peu trop chaleureux.
Sauf qu'aujourd'hui, dans cette pièce, ce n'était pas à une naissance que l'on allait assister; elle avait enfin décidé de se faire avorter. Enfin était un bien grand mot -elle l'avait bien vite compris, et sa décision n'avait pris que quelques jours. Du genre ''Hey, Stanislas, tu aimes les enfants?'' et un petit regard qu'on lui avait jeté, l'air de dire ''mais d'où tu sors ça toi?''.

Pour commencer: elle ne l'avait pas revu depuis, une bonne chose de faite. Ensuite, elle avait tout de suite compris qu'elle ne pourrait pas s'occuper de l'enfant. Elle avait déjà de la difficulté à s'occuper d'elle-même... Mais il ne faut pas croire qu'elle n'avait aucun problème avec ça. Si elle voulait se débarrasser de l'enfant, c'était avant tout qu'elle se trouvait indigne de lui. Elle l'aimait déjà de tout son cœur, mais elle le tuait. Et en même temps, elle se tuait un peu, comme ça, bêtement.


Tout avait commencé l'année d'avant. Elle n'avait jamais été bonne pour les études -ou plutôt, elle n'avait jamais vraiment porté attention à cela puisqu'elle n'avait pas de but y étant relié. À quinze ans, elle pouvait se considérer comme chanceuse: elle avait une gentille famille, un petit copain presque respectable (faut dire que les critères à cet âge sont plus ou moins obscures) et toute la vie devant elle.

Et le dit petit copain, lui, avait dix-neuf ans. Juste sur le seuil du correcte, disons -enfin, ce l'était pour elle, et ses parents n'avaient jamais vraiment cherchés à connaître son âge. Il était beau, trop beau, attentionné à ses heures et pas trop exigeant selon elle. Parce que comme toute adolescente qui n'est pas narcissique, évidemment qu'elle trouve qu'il pourrait trouver mieux, même si, entre vous et moi, ce n'était probablement pas le cas.

À ce moment là, Stanislas c'était trouvé un travail bien payé et stable dans la Firme de N.- et il lui avait secrètement offert une toute petite bague, rien de plus mignon, comme promesse qu'un jour ils seraient ensemble pour la vie. Quoi demander de plus? Bon, évidemment, c'est à ce moment là que ça a commencé à être moins... enfin, elle avait l'impression que quelque chose n'allait pas avec elle. Ah! Mais elle avait mis tout ça sur le compte de l'âge.

Et six mois plus tard, elle s'était ''enfuit'' de chez elle pour aller vivre avec lui. Dans la même ville que ses parents, qui savaient très bien où la trouver -mais c'était tellement plus romantique de le décrire ainsi. Et elle avait quitté l'école, aussi, pour commencer à travailler comme caissière dans un petit magasin de souvenirs. On fait e que l'on peut avec ce que l'on a. Si ses parents étaient d'accords pour qu'elle aille vivre avec son petit amoureux, il n'était pas question, toutefois, qu'ils les aident.

Et plus ça allait, plus elle doutait. Et puis, elle était tombé enceinte, aussi, et puis, elle n'avait pas l'impression que Stanislas était vraiment la personne qu'il lui fallait. Elle avait décidé de le quitter, et quelque part, elle sentait que cette histoire avec lui -ce serait toujours la même chose. Et elle avait mis une jolie petite croix rouge sur les garçons de son entourage.

Elle dormait, elle faisait des cauchemars. Cela faisait longtemps que l'enfant était partit, avant même que son cœur ne batte pour la première fois. Et pourtant elle le voyait en rêve, elle avait envie d'étendre les bras pour le serrer tout contre elle. Elle avait honte de l'avoir abandonné, honte de regretter, honte de ne pas être capable d'être seule avec sa conscience. Depuis presque un an maintenant, elle avait quitté sa ville natale pour monter vers le nord, pour trouver de l'emploi comme d'autres jeunes travailleurs. Dans son appartement trop petit, ils étaient trois filles à ne pas se connaître, à ne jamais se poser de questions. Elles travaillaient pour le moment toutes à une petite épicerie.

Dans son rêve, l'enfant devenait inévitablement une jeune fille, une jolie jeune fille, qui lui parlait. Elle ne comprenait rien, mais elle pleurait, pleurait tout le temps, son cœur meurtrit par la douleur de l'autre enfant. Mais elle savait que ce n'était pas l'autre qui lui parlait: c'était elle-même. Tout ce qu'elle savait, c'est que personne d'autre, elle en était certaine, ne faisait de cauchemars aussi lumineux; c'était comme si la lumière se coulait en elle, l'enveloppait, l'étouffait. Elle ne voulait pas voir ce que l'enfant avait à lui montrer: était-ce que qu'aurait du être sa vie? Pourquoi la tourmenter autant?

Peut-être que la jeune femme en avait eu marre de l'entendre pleurer, de l'entendre se plaindre, de la voir chercher à fuir. Elle lui avait enfin parlé, avec ses mots à elle, si froids. Et elle s'était contentée de hocher la tête: ce qu'elle voulait, c'était...

Et elle c'était réveillée dans un chambre blanche, vide, propre. Sauf qu'au lieu de l'odeur de désinfectant -quoique quelque peu présent-, ce qui la frappa fut le son de caméras et le goût de ses propres larmes, amères. Elle ne comprenait pas. Et même après les quelques semaines qu'elle vient de passer ici -elle ne comprend toujours pas.

Alors dans le doute, elle préfère ne pas se poser de questions. Parce qu'elle est lâche et ne veut pas revenir en arrière, parce qu'elle a trop honte pour chercher à se souvenir de son souhait. Elle a décidé de prendre quelques classes, aussi: ses parents lui avaient toujours dit qu'il n'était jamais trop tard pour recommencer. Dommage qu'ils ne pouvaient pas la voir.

Note: Je n'ai pas du tout compris la mention du 'vous ne vous souvenez plus de rien' dans le contexte du forum. Nous ne nous souvenons plus du rêve, ou de notre vie précédent l'arrivé à Oneiros, ou les deux? Je ferai les changements nécessaire s'il le faut.