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 A Memory - Alone

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Luna June
Luna JuneA Memory - Alone 558881bronze

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Date d'inscription : 11/08/2010
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A Memory - Alone Vide
MessageSujet: A Memory - Alone   A Memory - Alone Icon_minitimeJeu 11 Nov - 20:40

« PAAAAAAAAAPAAAAAAAAA! »


Le hurlement raisonna contre les murs de la salle durant plusieurs secondes, avant de s'éteindre dans un sanglot. Il y eut plusieurs autres implorations et quelques cris qui finirent en hoquets, la voix continuant sans cesse d'appeler son père. Puis à bout de force, la jeune fille cessa de s'agiter, plongeant son visage dans ses mains. Elle partit dans un éclat de rire sinistre et terrifiant, avant de s'allonger dans les draps blancs du lit et de fermer ses yeux rougis. Sans plus de cérémonie, elle s'endormit, la tête dans enfoncé dans l'oreiller moelleux.

Quand elle rouvrit les yeux, plusieurs heures plus tard et qu'ils se posèrent sur le plafond de la salle, la demoiselle comprit. Elle ne prit pas la peine de se redresse mais plaqua ses mains sur son visage, pleurant en silence, laissant les goûtes couler le long de ses tempes et se perdre dans sa chevelure noire.

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- « Luna, ça va être à toi dans cinq minutes. N'oublie pas de bien lever les pieds, de sourire. Souris bon Dieu, Luna! ».

J'étais morte de trouille. Assise face au miroir, sourde au vacarme qui m'entourait, j'essayais vainement de me maquiller, la main tremblante. Combien d'hommes et de femmes avant moi s'étaient assis sur cette même chaise, face à cette même glace aux vingtaines d'ampoules qui vous grillent les yeux, avant de se précipiter sur un podium long d'une dizaine de mètres? Combien s'étaient pris les pieds dans le tapis, s'étaient mis à dégueuler sur le public, ou s'étaient défilés en faisant demi tour et courant à toute vitesse - Ou aussi vite que des talons hauts de treize centimètres le permettent ?

- « Luna...Mais...Qu'est-ce que tu fais? Arrête, pose ça! ».

Une fille blonde s'était avancée vers moi et avait retiré de ma main la brosse à mascara que je faisais passer sur mes lèvres.

- « Merde, ma belle. Qu'est-ce que t'as?

- Je crois...Que j'ai le trac. Anna, j'en peux plus, aide moi. Je vais mourir si je vais là-bas! Pourquoi tu m'as laissée accepter de faire le final?
»

Je passais nerveusement mes mains sur la robe froissée pour la lisser, et Anna m'arrêta dans mon mouvement. Si la robe était froissée, c'est que le styliste l'avait voulu ainsi. Mais j'avais besoin de faire quelque chose de mes mains. Où fallait-il que je les mette pendant que je défilais? Devais-je poser d'abord le pied droit ou le gauche et...Le regard noir qu'elle me lança me coupa dans mon raisonnement. Elle prit l'une de mes mains, parvint à coincer l'autre entre ses cuisses puis, voyant que je ne me débattais pas, elle se mit à fouiller dans son sac. Elle sortit une trousse à maquillage, un portefeuille et puis, enfin, un petit sachet qu'elle cacha rapidement au creux de sa paume. Elle l'ouvrit, sortit une petite pilule et rangea rapidement le reste dans son décolleté.

- « Tiens, prend ça ma belle. Et bois ça, en même temps. Ça te fera du bien, ne t'en fais pas. Tu devrais être heureuse que Marco t'ai offert cette chance. Faire le final de la semaine de la mode à Miami, le jour de ton anniversaire. Mais que demande le peuple, sérieux! »

Avant d'avoir achevé sa phrase, elle me tendit une coupe de champagne à l'air déjà quelque peu louche. D'autres filles avant moi avaient pris quelques petits mélanges pour se mettre d'aplomb. Moi, je m'étais jurée d'arrêter, deux ans auparavant. Je l'avais promis à Papa et Papa. J'avais jusqu'alors tenu ma promesse. Ils ne m'en voudraient certainement pas pour cette infime entorse à la règle. Derrière leur écran, quelque part dans le sud de la France, ils devraient être heureux de me voir défiler avec un impeccable sourire sur le visage, les mains sur les hanches comme Papa-Maman me l'avait apprit lors de nos sorties shopping.
Je pris la pilule orange, la déposant sur ma langue, au centre, comme il m'était déjà arrivé de le faire. Puis je saisis la coupe de champagne - ma main tremblait déjà moins - et son contenu glissa dans ma gorge, emportant ce petit bout de drogue dure.

- « Le final, dans deux passages. On se presse mesdemoiselles! Plus vite, Karl Lagerfeld n'attend pas! ».

Je me suis levée, aidée par Anna qui souriait. Elle était drôlement belle, Anna. Ses cheveux blonds tirés sur le haut de son crâne pour les besoins du défilé lui donnaient l'air sauvage. Ses yeux d'un bleu bien plus foncé que les miens étaient maquillés de noir et la robe une satin moulait son corps superbe et informel. Elle était comme toutes ces femmes dans les magazines, anorexique et droguée, pute et sale. Je l'aimais bien quand même. Sans ses talons, elle mesurait dix centimètres de moins que moi et marchait plus vite. Elle me poussa vers le passage qui me menait à la scène et me souffla à l'oreille qu'elle me trouvait canon. Que personne d'autre que moi n'était fait pour ce final. Puis elle me poussa délicatement.

Je ne sentis plus sa main entre mes omoplates. Je ne vis pas les flashs, ni le public. N'entendit pas la chanson, ne su plus où se trouvait le bord de la scène. Je ne me souviens pas être revenue, ni des applaudissements, ni du passage accompagnée de mon styliste. Je ne me souviens plus de tout ça.

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- « Magnifique Luna, tu étais sublime, splendide, vraiment. Quelle reine, sur tes hauts talons. Quelle diablesse, merveilleuse, tu étais...Luna, tu m'écoutes, Luna? »

J'avais mal au crâne. Assise sur les genoux d'un mec dont je ne me souvenais plus du nom, je sentais le sang battre dans mes tempes. Comment j'étais arrivée dans cette boîte, la plus huppée de tout Miami? Je ne savais plus très bien. Pourquoi j'avais la bouche sèche et le corps si lourd? Sans doute à cause des quatre bouteilles posées sur la table du carré VIP où j'étais installée. J'essayais de me relever, mais ce mec cala sa langue dans ma bouche. Je fus sauvée par une main qui s'était posée sur mon épaule. Anna.

- « Viens. Oublie pas qu'on a un avion à prendre tôt ce matin. »

C'est vrai, on rentrait à Paris. Papa et Papa allaient me serrer dans leur bras, ils m'avaient surement préparé un truc à manger, un énorme plat bien calorifique comme les mannequins n'en mangent jamais. Mais je m'en fous, je mange pour mille, moi. Les autres filles s'inquiètent à cause de ça, elles pensent toutes que je me fais vomir, mais c'est faux. J'aime trop manger pour ça. Où suis-je?

- « Lève toi, Marco va te virer si tu le rates! »

Elle avait raison. Mais je n'arrivais pas à me lever, alors elle me souleva, ses mains en-dessous de mes bras. Je transpirais, j'avais chaud. De la fièvre, sans doute. J'avais envie de gerber.

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On marchait dans la rue, très lentement. Parce qu'elle était un peu plus grande et plus carrée que moi, Anna parvenait à me maintenir et à me faire avancer, à un rythme particulièrement ralentis malgré tout.

- « Magnifique. Un taxi. Tu te poses là, d'accord, contre le mur, et tu m'attends. Je vais essayer de voir s'il peut nous ramener à l'hôtel. J'arrive, d'accord? »

Elle avait repéré un taxi, tout au bout de la rue, à une centaine de mètres, selon ce que m'en disaient mes yeux trahis par la drogue et l'alcool. Je la vis galoper, comme un cheval furieux, sur ses jambes si belles, si tendues, si longues. Elle sortit de ma vision, je tournais la tête, je me mis à marcher, dans la mauvaise direction.
J'étais sur la route. J'entendais le silence, j'étais bien, là. La tête qui me tournait, l'envie de gerber et de mourir, parce que c'est l'impression que ça fait, quand on a trop de drogue dans le sang. On veut mourir parce que y a tout qui nous fait mal dès qu'on bouge un peu. L'impression que notre cerveau ne veut plus descendre des montagnes russes alors que nos pieds sont ancrés dans le sol. J'allais m'étaler, je le sentais. Puis j'ai entendu le bruit d'une voiture qui démarre, comme si elle était juste à côté, vraiment, juste à côté de moi. J'ai tourné la tête, fais un signe de main à Anna qui mettait ses mains sur sa bouche, assise à la place du mort dans un taxi.
La tête du taxi man apparut à ses côtés seulement quelques secondes après. J'ai souris.

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- « PAAAAAAAAAPAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA! »

Je n'ai jamais crié « Maman », comme bien d'autres l'auraient fait. Moi, je n'ai pas eu de maman. J'ai été élevée par deux pères, deux hommes homosexuels qui firent de moi quelqu'un de bien, avant que je ne fasse de moi qu'une bonne à rien.
Je ne goûterais jamais les petits plats qu'ils m'avaient fait pour mon retour en France. Je suis sûre qu'ils avaient préparé une délicieuse salade de fruit pour le dessert, avec plein de fraises, comme je les aime.

Quand je me suis réveillée dans cette salle, j'ai d'abord cru être dans une chambre de centre de désintoxication. Puis, j'ai cru être encore sous l'effet de la drogue, que je délirais.
Et j'ai compris, après, bien après, que j'étais encore dans ce cauchemar que je faisais étant encore enfant. Mais que cette fois, comme je l'avais crains depuis toujours, je ne me réveillerais pas. Ce n'était plus qu'un simple rêve. C'est devenu ma réalité.
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